Rattraper son sommeil le week-end peut réduire le risque de maladie cardiaque jusqu’à 20 % ?

Tous les dormeurs du dimanche qui paressent au lit le week-end vont être ravis … Ceci étant ce n’est peut-être pas si simple et en tout cas pas simpliste du tout.  Un constat évident, de nombreuses personnes manquent de sommeil les jours de travail et essaient de « rattraper » leur sommeil le week-end.

Le congrès de cardiologie de l’ESC 2024 a permis de présenter une étude de la UK Biobank portant sur plus de 90 000 personnes ce qui est important, mais pour le moment ce n’est qu’une communication de résultats préliminaires. Elle n’est pas encore passée au stade de publication avec un comité de lecture : cette étape est celle qui consacre des travaux de recherche et  leurs donne un vrai poids scientifique.  Elle montre que les personnes qui rattrapaient plus de sommeil le week-end avaient un risque 20 % inférieur de développer une maladie cardiaque par rapport à celles qui ne le faisait pas.

« Un sommeil compensatoire suffisant est associé à un risque plus faible de maladie cardiaque », déclare le co-auteur de l’étude, M. Yanjun Song, du State Key Laboratory of Infectious Disease, Fuwai Hospital, National Centre for Cardiovascular Disease, Beijing, Chine. « L’association devient encore plus prononcée chez les personnes qui souffrent régulièrement d’un sommeil insuffisant en semaine. »

Les auteurs ont utilisé les données de 90 903 sujets impliqués dans le projet UK Biobank, et pour évaluer la relation entre le sommeil compensé le week-end et les maladies cardiaques, les données sur le sommeil ont été enregistrées à l’aide d’accéléromètres et regroupées par quartiles (divisées en quatre groupes à peu près égaux, du sommeil le moins compensé au sommeil le plus compensé). Le T1 (n = 22475) était le moins compensé, avec -16,05 heures à -0,26 heures (c’est-à-dire encore moins de sommeil) ; le T2 (n = 22 901) avait -0,26 à +0,45 heures ; le T3 (n = 22 692) avait +0,45 à +1,28 heures et le T4 (n = 22 695) avait le sommeil le plus compensé (g1,28 à 16,06 heures).

La privation de sommeil a été autodéclarée, les personnes déclarant dormir moins de 7 heures par nuit étant définies comme souffrant de privation de sommeil. Au total, 19816 (21,8 %) des participants ont été définis comme privés de sommeil. Le reste de la cohorte a pu avoir occasionnellement un sommeil insuffisant, mais en moyenne, leurs heures de sommeil quotidiennes ne répondaient pas aux critères de privation de sommeil – les auteurs reconnaissent qu’il s’agit d’une limitation de leurs données.

Les dossiers d’hospitalisation et les informations du registre des causes de décès ont été utilisées pour diagnostiquer diverses maladies cardiaques, notamment une cardiopathie ischémique , une insuffisance cardiaque, une  fibrillation auriculaire , et un accident vasculaire cérébral.

Avec un suivi médian de près de 14 ans, les participants du groupe ayant le plus de sommeil compensatoire (quartile 4) avaient 19 % moins de risques de développer une maladie cardiaque que ceux ayant le moins de sommeil (quartile 1). Dans le sous-groupe de patients souffrant de privation de sommeil quotidienne, ceux ayant le plus de sommeil compensatoire avaient un risque de 20 % inférieur de développer une maladie cardiaque que ceux ayant le moins de sommeil. L’analyse n’a montré aucune différence entre les hommes et les femmes.

Ces résultats, s’ils se confirment, sont intéressants, car ils seraient en faveur d’une compensation partielle de différents comportements qui structurent le sommeil. Le meilleur sommeil qui assure la meilleure santé, est un sommeil suffisant (pas de privation de sommeil) et régulier du point de vue de ses horaires. Cependant si on dort insuffisamment en semaine, le fait de rattraper du sommeil le week-end permettrait de limiter les dégâts sur la santé cardiaque dans la mesure où l’on dort plus 2 nuits/semaines. Il faut néanmoins rappeler qu’un sommeil qui fait le yoyo entre la semaine est le week-end est associé à un risque de maladie métabolique et de troubles psychiatriques plus élevés. En terme de santé, ces données semblent donc contradictoires.

Nous avons encore beaucoup à apprendre sur la façon que nous avons de dormir et réguler nos nuits. Ne tirons pas de conclusions hâtives et simplistes mais continuons à prendre soin de notre sommeil.