Etre du soir ou du matin

Etre du soir ou du matin n’est pas qu’une simple vue de l’esprit. Loin de là. Le docteur Sylvie Royant-Parola, présidente du réseau Morphée, en a même fait son sujet de thèse. Nous avons tous des rythmes différents, liés à notre horloge interne, connue sous le nom de rythmes circadiens, des rythmes biologiques d’environ 24 heures, liés au cycle du soleil, au changement de saisons, etc. Le passage à l’heure d’été, qui est intervenu dimanche 27 mars, peut dérégler les rythmes circadiens chez certaines personnes.

Dès l’enfance, il y a des petits et des gros dormeurs. « La caractéristique de court ou long dormeur est sous-tendue par une dimension génétique, précise le docteur Royant-Parola. On distingue des gens extrêmes du matin et des extrêmes du soir, tous deux représentent environ 3 % de la population », poursuit-elle. Il y a aussi les matinaux « simples » (qui se réveillent vers 6 heures du matin), les vespéraux « simples » (coucher après 1 heure du matin).

Mais comment savoir si l’on est du soir ou du matin ? Tout simplement en répondant au questionnaire dit de Horne et Ostberg, que l’on trouve facilement sur Internet. Autre moyen  ou être attentif à son sommeil lors de la deuxième semaine des vacances.

Difficultés d’adaptation

Les personnes dites du soir ou du matin peuvent avoir des difficultés d’adaptation au rythme de vie « normal ». Les personnes du matin sont généralement plus efficaces ces heures-là mais leur performance décroît au fil de la journée. Elles sortent en général peu car elles ont du mal à rattraper le matin le sommeil perdu. Les sujets du soir, à l’inverse, peinent à se coucher, peinent à se lever, mais sont « en pleine forme » dans la soirée. De fait, elles souffriront beaucoup si elles doivent aller au travail tôt le matin.

« En général, les couche-tôt lève-tôt sont le mieux adaptés à la vie professionnelle standard. Les plus malheureux sont les longs dormeurs et les lève-tard, mais ils sont très adaptés à une vie festive », explique Jacques Touchon, professeur de neurologie à la faculté de Montpellier. « Dans la vie de tous les jours, les rythmes de veille-sommeil peuvent poser des problèmes de rencontre dans le couple », poursuit-il.

Des rythmes sont aussi imposés par le mode de vie, le travail, des parents qui rentrent tard, ou un temps de plus en plus long passé devant l’écran, surtout chez les adolescents. La durée de sommeil est variable selon les individus. Elle est, en France, de 6 h 58 en moyenne. Globalement, elle baisse et reste souvent insuffisante.

 

Etre du soir ou du matin, telle est la question ! Article de Pascale Santi  paru dans l’édition du Monde du 29.03.11