Science et Avenir a lancé un énorme pavé dans la marre médiatique avec la parution de son dernier numéro en lançant un dossier « ces médicaments qui favorisent l’Alzheimer ». Tous les médecins sont restés abasourdis. Le buzz médiatique a été tel, que même en dehors de nos frontières les chercheurs, professeurs en médecine se sont émus de ne pas connaître cette étude si importante !
Science et Avenir fait état d’une étude française qui estime que la consommation chronique d’anxiolytiques et de somnifères augmente le risque d’entrée dans la maladie d’Alzheimer. Selon la revue chaque année, en France, 16.000 à 31.000 cas d’Alzheimer seraient ainsi attribuables à ces traitements par benzodiazépines.
J’ai donc recherché l’étude, pour vérifier. L’étude n’existe pas, ou pas encore… Pas encore publié dit le magazine. Ce qui veut dire que des résultats aussi importants pour notre médecine seraient publiés en primeur dans Science et Avenir ! Impensable pour un article scientifique qui suit un processus bien codifié : une étude, une soumission pour publication à des chercheurs pairs qui analysent l’article (de manière anonyme) et qui l’acceptent ou non selon sa qualité scientifique, et ensuite seulement, sa publication. Habituellement le travail fait l’objet au préalable de communications scientifiques dans des congrès. Dans le cas précis, rien de semblable.
Nous sommes donc bien devant un effet d’annonce, la création d’un buzz, repris par tous les médias SANS AUCUNE VERIFICATION DESSOURCES. Cette manipulation de l’information qui touche à la santé est très grave. Mes patients m’ont appelée, il m’a fallu les rassurer. Toutes mes consultations ont été parasitées par LA nouvelle.
Le responsable de cette annonce le Pr Bernard Bégaud cité par le site Docbuzz aurait déclaré : ”Il y a un dossier potentiel, un doute, il faut absolument l’explorer”, mais “il faut rappeler aussi que ces médicaments sont utiles, voire indispensables, et surtout veiller à ne pas inquiéter les gens. Quand je vois le titre (du magazine), je me dis que quelqu’un qui voit ça va être terrorisé“. Effectivement … Il y a un travail d’évaluation que la HAS (Haute Autorité de Santé) mène depuis plusieurs années et qui aboutira à des conclusions où le pour et le contre seront bien pesés.
Donc pas de panique, pour avoir une analyse détaillée du manque de preuve, veuillez allez sur le site de Docbuzz pour lire l’article « Benzodiazépines et Alzheimer : les contre-vérités de la presse française »: http://tinyurl.com/6an8uec .Rappelons néanmoins que les benzodiazépines ne sont pas les traitements au long cours de l’insomnie, car leurs effets s’épuisent et exposent la personne, en particulier la personne âgée, à des chutes qui peuvent être très graves à cet âge.