Les causes d’insomnie

Stéphanie Guérin
Stéphanie Guérin

Symptôme fréquent l’insomnie touche 20 à 30 % de la population avec 15 à 20% d’insomnie modérée et 9 à 10% d’insomnie sévère. Signe de gravité, près de 10% de la population consomme régulièrement un anxiolytique ou un hypnotique. Les femmes sont deux fois plus touchées par l’insomnie que l’homme.

L’anxiété, sous toutes ses formes est une grande pourvoyeuse d’insomnie. De l’anxiété généralisée qui perturbe le sommeil à tout moment de la nuit, en passant par les TOC (troubles obsessifs compulsifs) ou les phobies, l’anxiété est très éveillante et donc insomniante. Elle provoque le plus souvent des difficultés d’endormissement liée à des pensées récurrentes, des idées qui s’imposent, des préoccupations obsédantes. Les angoisses qui surviennent le plus souvent vers 3 ou 4 heures du matin ou en fin de nuit, sont plus souvent liées à une période de stress mal supportée et dont le risque est d’évoluer vers une dépression si une solution n’est pas trouvée.

La dépression, est l’autre cause fréquente d’insomnie. Elle explique, avec l’anxiété, près de 50% des d’insomnie. Il s’agit le plus souvent d’une insomnie de seconde partie de nuit, avec sensation d’un réveil précoce ou d’un sommeil très morcelé en fin de nuit. Le début de cette insomnie est soit progressif, soit au contraire brutal après plusieurs nuits « d’insomnie totale » où la personne dit ne pas avoir fermé l’œil de la nuit. Dans ce dernier cas les patients peuvent même préciser la date du début de leur insomnie, au jour près. Ce début brutal fait généralement suite à des événements traumatisants : deuil, perte d’emploi, maladie…Cette insomnie est très trompeuse car au début le seul symptôme reconnu par le patient est le trouble du sommeil. Il faut rechercher des signes subtils de dépression : irritabilité et agressivité, repli sur soi, ralentissement, goût à rien, obligation de se forcer pour faire la moindre chose, y compris les activités habituellement investies avec plaisir. Le patient vit à l’économie. Il fait face à ses obligations de travail et de vie familiale, mais s’écroule littéralement le week-end où il prolonge souvent son sommeil, et fait la sieste. Si on lui demande s’il est déprimé, la réponse est rarement positive. Lorsque le symptôme n’est pas identifié comme signe de dépression et que l’on traite symptomatiquement l’insomnie par des hypnotiques ou des anxiolytiques, la dépression peut s’aggraver. Le tableau clinique devient alors évident. Il est important de s’alerter devant les premiers de cette insomnie particulière, car plus le diagnostic est posé rapidement, plus la mise en route d’un traitement adapté a de chances d’apporter une amélioration.

Moins bien connue, l’insomnie psychophysiologique est en cause dans 15 à 20 % des insomnies. Il s’agit d’une insomnie « conditionnée », c’est-à-dire qui s’est créée à partir d’une expérience initiale d’insomnie suivi par la peur de ne pas dormir. Le début de l’insomnie est liée à une cause habituellement clairement identifiée mais d’origine est très variée, telle qu’une insomnie qui apparait en raison de douleurs importantes, ou au cours d’une dépression, ou bien encore après la naissance d’un enfant. La répétition des nuits d’insomnie fait qu’au bout d’un certain temps une angoisse liée au sommeil apparait. La personne est persuadée qu’elle ne va pas dormir, que son insomnie va recommencer, avec toutes les conséquences désastreuses qu’elle anticipe sur la qualité de sa journée le lendemain. Il s’agit essentiellement d’une insomnie d’endormissement. Elle est associée à des comportements qui aggravent l’insomnie. Le plus fréquent est de rester trop longtemps au lit. Il n’est pas rare de voir un insomniaque passer 12 heures au lit pour un temps de sommeil déclaré de 5 heures. Cette situation le conforte dans l’idée qu’ il est vraiment incapable de dormir. Lorsque la soirée commence l’angoisse et la tension monte avec la conviction que la nuit qui va suivre va être comme d’habitude épouvantable. Ainsi se crée un véritable cercle vicieux, plus l’insomniaque cherche à dormir moins il le peut, alors que la cause initiale de son insomnie a disparu.

Certaines maladies interfèrent avec le sommeil dans le sens où elles gênent son installation ou son maintien. Ainsi une hyperthyroïdie peut augmenter les systèmes d’éveil de telle manière que le sommeil aura du mal à s’installer. Un asthme dont les crises surviennent la nuit entraine une oppression respiratoire et des quintes de toux nocturnes qui gêne l’endormissement ou qui réveille au cours de la nuit. De même pour un reflux gastro-oesophagien qui se traduit par des régurgitations de liquide gastrique dans la bouche.