Les nouvelles recommandations européennes dans l’insomnie

La question de l’insomnie et son traitement est un problème majeur et fréquent en médecine. Les traitements sont à fois psychothérapiques avec les thérapies comportementales et cognitives,  et médicamenteuses.  A long terme ce sont les premières qui marchent le mieux. Mais parfois elles sont inacessibles ou pas efficaces. De ce fait ce sont les seconds qui vont aider à dormir. Les différentes sociétés savantes européennes ont réfléchi à une stratégie commune devant l’insomnie et ont produit ces recommandations.

En voici les conclusions : 

 

  • L’insomnie doit être traitée activement à chaque fois qu’elle existe.

  • En présence de comorbidités, selon l’appréciation clinique, on voit qui de l’insomnie ou de l’affection comorbide doit être traitée en premier ou si les deux sont à traiter en même temps

  • Les thérapies comportementales et cognitives de l’insomnie (TCC-I) sont le traitement de première intention pour les insomnies de l’adulte de tout âge et quelles que soient les comorbidités. La TCC-I peut être réalisée par une personne physique ou par voie numérique.

  • La restriction du sommeil et le contrôle du stimuli sont les techniques les plus efficaces de la CBT-I

 

Interventions pharmacologiques

  • Benzodiazépines ou apparenté aux benzodiazépines 

Un traitement pharmacologique peut être proposé si la CBT-I n’est pas efficace

Les médicaments de la famille des benzodiazépines ( Diazepam, flunitrazepam, flurazepam, lormetazepam, nitrazepam, oxazepam, temazepam, triazolam) ou apparentés (Zopiclone, eszopiclone, zolpidem) peuvent être utilisées dans le traitement de l’insomnie à court terme (≤ 4 semaines)

Un traitement à plus long terme (utilisation hors des recommandations de la HAS) avec ces médicaments,  quotidiennement ou de préférence par intermittence, peut être instauré dans certains cas, et les avantages et les inconvénients doivent être discutés en fonction de chaque cas individuel

  • Antidépresseurs

De faible doses d’antidépresseurs sédatifs peuvent être envisagées (utilisation hors AMM) dans le traitement à court terme de l’insomnie ; les contre-indications doivent être soigneusement étudiées.

Un traitement à plus long terme de l’insomnie (sans comorbidité,  notamment sans anxiété ou dépression est une utilisation hors AMM) avec des antidépresseurs sédatifs à faible dose peut être instauré dans certains cas, et les avantages et les inconvénients doivent être discutés pris en compte sur base de la situation particulière du patient

  • Antagoniste de l’orexine

Les antagonistes de l’orexine (Daridorexant, médicament à venir en France) peuvent être utilisés pendant une période allant jusqu’à 3 mois dans le traitement de l’insomnie

Un traitement à plus long terme de l’insomnie par des antagonistes des récepteurs de l’orexine peut être instauré dans certains cas, et les avantages et les inconvénients doivent être discutés selon chaque cas particulier.

  • Antihistaminiques

En raison de preuves insuffisantes et des risques possibles, les antihistaminiques ne sont pas recommandés pour le traitement de l’insomnie.

  • Antipsychotiques

En raison de preuves insuffisantes et à la lumière de leurs effets secondaires, les antipsychotiques ne sont pas recommandés pour le traitement de l’insomnie

  • Mélatonine

La mélatonine (à libération rapide, en vente libre ou sous forme de médicament sur ordonnance) en général n’est pas efficace dans le traitement de l’insomnie, si aucun facteur circadien n’est impliqué.

Un traitement à plus long terme de l’insomnie avec la mélatonine à libération prolongée (chez les patients > 55 ans) jusqu’à 3 mois peut être efficace dans certains cas

 

Autres thérapies

  • Les remèdes à base de plantes/phytothérapies ne sont pas recommandés pour le traitement de l’insomnie en raison de preuves insuffisantes.
  • La luminothérapie et les programmes d’exercices peuvent être utiles comme thérapies complémentaires à la TCC-I .

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