Une insomnie peut être révélatrice d’un syndrome d’apnées du sommeil ; mais, plus fréquemment, c’est la somnolence excessive qui attire l’attention de l’entourage et de la personne elle-même. Ce syndrome est souvent accompagné d’un ronflement. Parfois, le conjoint peut percevoir des arrêts respiratoires inquiétants, suivis d’une reprise bruyante de la respiration. La fatigue est importante le matin et se poursuit durant la journée. La personne se plaint de gros troubles de la concentration et de la mémoire, et parfois d’une somnolence gênante. Elle dort la bouche ouverte, ce qui se traduit par divers signes : sécheresse de la bouche au réveil, taches de salive sur l’oreiller… Pour évaluer son risque d’apnées pathologiques des tests d’orientation existent .
Plus fréquent chez l’homme que chez la femme non ménopausée, ce syndrome touche 5 à 7 % de la population générale et 15 % des personnes de soixante-dix ans et plus. Une obésité ou tout au moins un surpoids sont fréquemment associés.
Les apnées sont liées à un arrêt du passage de l’air au niveau des voies aériennes supérieures. Nous faisons tous quelques apnées en cours de nuit. Pour être pathologique, cette interruption du flux aérien doit être supérieure à dix secondes. On parle de syndrome d’apnées quand la personne fait plus de cinq apnées ou hypopnées (l’air passe encore un peu) par heure. Il est considéré comme sévère au dessus de trente apnées ou hypopnées par heure.
Dans la plupart des cas, les apnées sont dites « obstructives », car elles sont provoquées par un rétrécissement des voies aériennes supérieures qui se produit exclusivement au cours du sommeil. En effet, celui-ci provoque un relâchement des tissus, qui ont tendance à s’affaisser, surtout au niveau de la langue et du fond de la gorge (le pharynx). Ce rétrécissement est largement favorisé par la prise de poids, car la graisse se dépose également au niveau du pharynx et infiltre la base de la langue. Une morphologie particulière est souvent retrouvée : menton en arrière, cou large et épais ou bien, au contraire, un visage long et étroit. Un facteur génétique explique d’ailleurs les cas familiaux de syndrome d’apnées du sommeil.
Il existe aussi des cas de syndrome d’apnées centrales, beaucoup plus rares que les apnées obstructives et touchant des personnes qui, le plus souvent, ne sont pas en surpoids. Elles se plaignent généralement d’insomnie et il faut rechercher des troubles métaboliques ou une insuffisance cardiaque qui sont souvent associés.
Le syndrome d’apnées a des conséquences considérables sur la santé en tant que facteur de risque et de morbidité, en particulier sur le plan cardio-vasculaire. Ainsi, 50 % des sujets porteurs d’un syndrome d’apnées sont hypertendus. Une grande étude épidémiologique réalisée dans le Wisconsin a montré que le risque d’une hypertension artérielle est multiplié par trois chez les personnes atteintes de ce syndrome. Chez les personnes souffrant d’une maladie des artères coronaires, la prévalence du syndrome d’apnées (c’est-à-dire le rapport du nombre de personnes atteintes sur l’effectif total de la population) serait de 30 à 37 %, alors qu’elle est de 12 à 19 % chez les sujets témoins. Le risque de mortalité par cause cardiaque ou vasculaire chez les sujets porteurs d’un syndrome d’apnées sévère non traité est multiplié par trois par rapport aux témoins en bonne santé, après prise en compte des autres facteurs de risque. Par ailleurs, les épisodes apnéiques peuvent favoriser la survenue d’épisodes ischémiques nocturnes (occlusion des artères) et de troubles du rythme cardiaque, dont on sait qu’ils surviennent plus fréquemment la nuit. Il est donc important de bien dépister ces pathologies et de les traiter.