Comprendre nos rythmes biologiques

Capture d’écran 2013-09-01 à 22.27.18S’endormir le soir obéit à une régulation interne de nos rythmes biologiques qui ne dépend pas que de notre environnement comme l’ont montré les expériences d’isolement temporel menées aux USA, en Allemagne, ou par Michel Siffre dans le fond de sa grotte en France. Il existe une horloge interne qui régule l’organisation de nos rythmes, le noyau supra-chiasmatique, petit groupe des cellules profondément enfouie dans le cerveau, au niveau de l’hypothalamus.

Pour un individu donné l’endormissement et le réveil se font à peu près toujours à la même heure, dans la mesure où la personne est dans un système qui n’est pas trop éloigné de son rythme propre. Ainsi il existe des sujets du matin « couche-tôt » et « lève-tôt », et des sujets du soir « couche-tard » et « lève-tard ». Le chronotype dépend de gènes qui régulent la période endogène, mais aussi de facteurs environnementaux en particulier, sociaux, de l’âge et probablement de facteurs psychologiques. Curieusement notre horloge biologique n’est pas strictement réglée sur 24 heures. Elle a une période légèrement supérieure, en moyenne de 24 heures et 10 minutes. Ceci a pour corolaire l’obligation pour tout individu de se remettre à l’heure tous les jours, sous peine de voir son sommeil se décaler.

Alors qu’une protéine essentielle à la régulation des rythmes circadiens, CLOCK, avait été identifiée en 2006, Paolo Sassone-Corsi et coll. dans un article* de la revue «Cell» vient de montrer qu’elle agit en harmonie avec une autre protéine, SIRT1.

Ainsi l’activité de la protéine CLOCK, indispensable aux rythmes circadiens est largement modulée par celle de cette autre protéine SIRT1. De leur équilibre dépend, en partie, l’harmonie métabolique. SIRT1 régule la quantité d’énergie utilisée par la cellule. En cas de rupture d’équilibre entre CLOCK et SIRT1, le fonctionnement cellulaire normal est altéré. C’est ainsi qu’une modification dans les rythmes de sommeil ou alimentaires peut se traduire directement en changements du métabolisme cellulaire.

L’étude américaine suggère que des rythmes de sommeil et alimentaire naturels peuvent soit maintenir, soit restaurer l’équilibre entre CLOCK et SIRT1. Elle explique aussi pourquoi des modifications du rythme veille-sommeil peuvent majorer l’appétit et, par voie de conséquence, conduire à l’obésité, voire accélérer le processus de vieillissement. Poussant le raisonnement plus loin, l’équipe pense que la connaissance du lien entre les deux protéines pourrait aboutir à la mise au point de traitements d’affections métaboliques telles que le diabète ou l’obésité.

Un étude qui alimente les conseils qu’on préconise dans la prise en charge des troubles du sommeil : un rythme de sommeil régulier, avec un renforcement de synchroniseurs le matin en favorisant l’exposition à la lumière et l’exercice physique.

*Yasukazu Nakahata, Milota Kaluzova, Benedetto Grimaldi, Saurabh Sahar,Jun Hirayama, Danica Chen, Leonard P. Guarente, and Paolo Sassone-Corsi. The NAD+-Dependent Deacetylase SIRT1 Modulates CLOCK-Mediated Chromatin Remodeling and Circadian Control. Cell, Vol 134, 329-340, 25 July 2008